Le projet LASART consistait en une série de communications télématiques entre deux centres d’artistes situés en régions. Cette initiative du centre d’artistes Langage Plus, réalisée en collaboration avec la Galerie Sans Nom, a été possible grâce à une subvention dans le cadre du programme Explorations du Conseil des arts du Canada. Son objectif était de transgresser l’univers des communications propre à la presse écrite en utilisant les avancées technologiques à des fins artistiques.
Le projet, en 1982, touchait trois grands thèmes pertinents à l’époque, mais qui peuvent aujourd’hui être réexplorés sous une lentille contemporaine : l’art et les technologies; l’art et la communication; et la collaboration entre centres d’artistes canadiens en périphérie des grandes villes.
On peut l’envisager dans la continuité du Mail Art. D’ailleurs, les centres d’artistes ont eux aussi été fondés par souci de créer un réseau rassemblant les manifestations d’art actuel partout au pays, c’est-à-dire un réseau qui établit et favorise les communications artistiques d’un océan à l’autre.
Toutefois, les grandes villes telles que Montréal, Toronto et Vancouver ont connu un développement particulièrement important de ces organismes. Des initiatives en ce sens se sont cependant peu à peu manifestées en périphéries. Langage Plus et la Galerie Sans Nom sont des exemples de « centres décentralisés » qui ont collaboré selon l’esprit fondateur des centres d’artistes autogérés.
LASART était donc innovateur par son esprit de collaboration, mais aussi dans son utilisation des technologies les plus avancées. Le téléscripteur et le transfert d’images par photolaser étaient à l’époque majoritairement réservés aux presses nationales et internationales ou autres infrastructures nécessitant une communication instantanée et éphémère. Avant LASART, aucune utilisation de ces appareils à des fins artistiques n’était connue, ce qui vaut au projet sa qualité expérimentale.
Pendant un mois, les artistes participants se sont échangé des messages – ce que l’on nommerait aujourd’hui du clavardage – sur une machine, cousine du dactylographe et ancêtre de la messagerie instantanée. Ces technologies ont donné lieu à des discours de découverte et de fascination, mais aussi beaucoup de réflexions artistiques sur les pratiques de chacun et sur le contexte décentralisé de chacune des régions.
Point culminant du projet, un 12 heures d’échanges par photolaser, celle-ci ancêtre du fax, d’images créées par les artistes soit en solo ou en duos, soit en duos Moncton-Alma, qu’on peut concevoir comme une journée de Mail Art instantané.