UNE COLLABORATION ENTRE LIEUX D’ART ACTUEL DÉCENTRALISÉS 

Le projet original s’inscrivait dans une période où le développement d’une conscience décentralisée de l’art était en plein essor; il témoigne du dynamisme d’une telle prise de position. Non seulement des regroupements, associations ou centres d’artistes se fondaient en région, mais des liens se formaient entre ces manifestations de l’art actuel en périphérie.

De plus, comme l’explique Guy (Sioui) Durand dans son texte « Les réseaux d’art : alternative au centralisme » (1983), la vivacité et la ténacité de ces centres ont fait de sorte qu’ils ont revendiqué leur part de subventions et de visibilité. Il ajoute que cette ardeur alimente l’innovation non seulement dans les pratiques artistiques et dans les infrastructures culturelles, mais aussi dans les discours émis sur l’art actuel.

L’art actuel en région profite également d’une proximité avec une diversité de discours, ce qui se distingue de l’égocentrisme reproché aux productions dans les lieux centralisés. À cela s’ajoute une conscience expérimentale et de réseautage qui tente d’échapper aux modèles institutionnels.

On reconnait dans cette situation le contexte actuel des centres d’artistes au pays. Bien que les métropoles comme Montréal, Toronto et Vancouver demeurent dominantes et imposantes en ce qui concerne l’art actuel, de nombreux centres d’artistes sont actifs en région, tout comme plusieurs associations existent afin de maintenir leur dynamisme et les liens entre eux.  

Justement, un numéro récent de la revue Inter, art actuel atteste de la pertinence de la réflexion sur la décentralisation de l’art actuel. Ce numéro réactualise un texte, publié il y a plus de 25 ans, sur les pratiques artistiques dans des lieux alternatifs, afin de faire valoir que l’enjeu qu’il aborde, soit la tendance qu’ont les artistes et les travailleurs culturels de graviter vers les grands centres, est encore réalité.

La collaboration entre les centres d’artistes n’est certainement pas inexistante, mais demeure un défi, autant dans les métropoles qu’en périphérie. Il existe des initiatives occasionnelles, mais la collaboration pourrait être renforcée de façon à s’acquitter du mandat qui leur a été confié à l’origine.

LASART était donc un projet avant-gardiste de collaboration entre infrastructures alternatives, qui témoigne des expérimentations de l’époque. Quant au contenu de ce projet, on peut le qualifier d’art réseau, un genre d’initiatives qui explorent les frontières poreuses entre l’art et la communication.

 

" Centres d'artistes autogérés actifs en 1982 dans l'est du pays ", sérigraphie, 2015.  /  © Elise Anne LaPlante 2015  /  Photo : Annie France Noël